Les professionnels de la lutte contre les exclusions sont confrontés à différentes difficultés :
- Des problématiques complexes avec des personnes en situation de souffrance psychique et présentant des conduites addictives ou associant addictions et troubles psychiatriques,
- Des formes de précarité multiples et en augmentation, avec la progression des travailleurs pauvres, des familles sans –abris, de personnes migrantes,
- Un environnement « addictogène » marqué par l’augmentation des facteurs de vulnérabilités (désocialisation, chômage …),
- L’intensification des stimulations sensorielles via le marketing et les nouvelles technologies,
- La disponibilité des substances psychoactives sur internet, et sans oublier, les addictions sans produits.
Ce contexte sociétal favorise notamment la diversification des publics consommant des substances psychoactives et l’émergence de nouvelles pratiques addictives (usage des médicaments, les jeux d’argent et les jeux en réseau sur internet,...). Cette évolution nécessite la convergence des actions en faveur d’un accompagnement global des conduites addictives en articulation avec une prise en charge de la souffrance psychique et de la souffrance physique
Plusieurs problématiques émergent de ces constats :
Un besoin d’accueil de la demande là où elle s’exprime et d’un accompagnement personnalisé diversifié (urgences, structures d’accueil social, …)
Un besoin de disposer d’un hébergement en sortie d’un dispositif « addiction » cure ou post cure
Une difficulté accrue d’accès à un hébergement/logement en raison de l’addiction elle-même et très souvent d’une absence de revenu de la personne
Pour les professionnels du secteur médico-social et du social en charge de l’accueil des personnes ayant des problèmes d’addiction, un appui et des formations sont nécessaires pour les aider à comprendre et à assurer une continuité de prise en charge
Enfin, une difficulté à repérer, dialoguer et orienter :
- Pour les professionnels du social (structures sociales d’insertion, CIAS, CCAS, …),
- Pour les professionnels du social et de l’éducation accompagnant les jeunes (professionnels de l’éducation nationale mais aussi de l’enseignement professionnel ou de l’insertion par l’emploi), une difficulté à repérer, dialoguer et orienter ces publics jeunes, isolés et éloignés du soin.
Les enjeux identifiés sont :
L’évolution des comportements avec la multiplicité des consommations nécessitent désormais une approche globale de la personne avec un accompagnement adaptée à chaque situation
Une réflexion autour de la « réduction des risques » et de la gestion des consommations adaptée à chaque situation et à chaque structure accompagnant la personne
« Aller vers » avec des équipes mobiles intervenant en articulation avec les professionnels accueillant ou accompagnant la personne en situation de précarité quel que soit son âge et son lieu de vie
Une formation des acteurs du médico-social (notamment les structures personnes âgées et personnes handicapées susceptibles d’accueillir des personnes en situation de précarité) sur les physiopathologies des addictions, les prises en charge, les traitements de substitutions et l’aide à l’accueil adapté des personnes souffrant d’addiction.
Formation et information auprès des espaces d’accueil des jeunes à la réduction des risques des conduites addictives : espaces éducatifs, accompagnement à l’emploi, …
A titre indicatif, l’étude sur les pensions de famille en PDL réalisée par la DRDJSCS en 2014, montre que les addictions que rencontrent les résidents font partie des difficultés les plus courantes auxquelles les hôtes des pensions de famille doivent faire face.
Il est observé « Cette problématique est prégnante avant l’arrivée du pensionnaire, à son arrivée, pendant qu’il y vit et quand il sort de la pension. La structure doit dès lors adapter son accueil. Les addictions (alcool, tabac, drogues, médicaments, addictions sans produit, etc…) et leurs conséquences, la souffrance psychique et les actes auto-agressifs, les pathologies psychiatriques, bucco dentaires, infectieuses, chroniques, y sont plus fréquentes qu’en population générale (hommes et femmes confondus). » |
Identifier les lieux les plus propices au recueil et à une première évaluation de la demande d’aide (services des urgences, médecins généralistes, structures sociales, milieu festif, établissement pénitentiaire,…) et soutenir les professionnels de santé, sociaux et médico-sociaux par des formations ou informations et par des consultations d’appui pour favoriser une meilleure orientation et prise en charge.
Organiser un soutien des professionnels libéraux, sociaux et sanitaires notamment pour les situations complexes par des temps de reprise et d’analyse des situations.
Capitaliser les bonnes pratiques de prise en charge globale et individualisée ; en diffuser l’information et les outils identifiés auprès des différents champs (social, sanitaire, médico-social et professionnels libéraux) et en lien avec les usagers.
Permettre des parcours de soins adaptés et innovants, sans contrainte de durée de séjour et de sevrage des personnes avec des troubles cognitifs en lien avec l'alcool. Identifier les bonnes pratiques et les facteurs favorisant l’accueil de ces personnes
Conforter si besoin, par département, un panel d’aides des usagers vers les usagers (pair-aidance, associations de soutien ou d’auto-support, système de parrainage, …) pour lutter contre l’addiction afin d’améliorer le parcours des personnes en situation de précarité en particulier lors des sorties de structures de soins (hospitalières, centres pénitentiaires, LHSS, ACT…)
Intégrer l’approche de réduction des risques dans l’accueil adapté et/ou la prise en charge en structure sociale, médico-sociale et sanitaire pour les personnes en situation de précarité par des actions de formation auprès des professionnels (approche physiopathologie et psychologique, traitements de substitution,…)
Améliorer la prévention ciblée des risques des conduites addictives des personnes en situation de précarité et aller vers des populations éloignées du soin ou isolées en milieu rural, au plus près des besoins de chaque département. Par exemple :
- Des Personnes placées sous-main de justice en milieu ouvert
- Des personnes accueillies en structures sociales
- Des personnes en insertion par l’emploi
- Des travailleurs sans emploi ou en emploi précaire