Lorsqu’elles sont souhaitées les évolutions de pratiques ou d’organisation sont souvent portées par des expérimentations. Leur conception, les conditions de leur mise en œuvre et leur évaluation sont déterminantes pour leur futur. En effet, elles n’ont de sens que dans la perspective de les généraliser ou de les écarter sans état d’âme. Or, cette question du ‘passage à échelle est l’une des plus difficiles à résoudre lorsque l’on veut accompagner la transformation du système de santé par une culture de l’innovation et de l’expérimentation.
Pour autant, une expérimentation n’est pas nécessairement une innovation de même qu’une innovation ne se déploie pas nécessairement par expérimentation.
Nombre d’innovations en santé échappent à la réglementation traditionnelle du champ de la santé. L’ARS n’est aujourd’hui pas suffisamment identifiée comme un interlocuteur pertinent pour le développement des innovations, y compris lorsqu’il s’agit d’innovations dans le champ de la santé. Elle connait mal les acteurs de l’innovation et leur logique de développement.
Il appartient à l’ARS d’être plus visible en tant que partenaire potentiel, de mieux comprendre l’éco système dans lequel elles se développent et d’y participer. Il s’agit d’orienter les acteurs porteurs d’innovation, de renforcer notre visibilité et de faire connaitre nos attentes et notre grille de lecture au côté d’autres acteurs ou financeurs déjà positionnés sur ce champ de l’innovation. Aujourd’hui, sur les territoires un certain nombre d’acteurs de terrain lancent des initiatives. Ils sollicitent les institutions susceptibles de les accompagner ou de les financer qu’elles soient propres au système de santé ou en dehors. Ces initiatives représentent une véritable opportunité pour améliorer l’offre en santé à condition de faire confiance aux acteurs.
Cependant, le risque existe de déployer une innovation qui réponde à un problème mal posé ou insuffisamment partagé. Ou de mettre en œuvre une expérimentation qui n’a pas d’avenir faute de modèle économique soutenable ou d’adhésion des acteurs.
Une question récurrente et pertinente concernant les innovations est celle de leur potentiel de dissémination, et pour les expérimentations, celle de leur potentiel de généralisation.
Il est très rare qu’une expérimentation puisse se généraliser, s’industrialiser sans adaptation. Or, pour que ce processus soit possible, il doit être pensé très en amont. Les conditions de la généralisation doivent être anticipées : les logiques qui ont conduit à lancer une expérimentation, les conditions de contexte dans lesquelles elle a été menée et l’explicitation des principes d’action par lesquelles elle a produit ses effets sont trois éléments à documenter pour identifier le potentiel de généralisation d’une expérimentation et interpréter son évaluation avant passage à échelle.
La portée d’une innovation doit également être analysée au regard des effets pervers qu’elle pourrait générer en particulier sur les inégalités de santé. Enfin, bien évidemment, l’évaluation proprement dite est essentielle et ne doit pas seulement répondre à la question de son efficacité immédiate mais aussi comporter une dimension médico économique.
Pour être en capacité de soutenir les innovations et de les orienter au service de l’amélioration des soins et des organisations, il s’agit pour l’ARS de se donner un cadre de référence pour analyser, prioriser, évaluer et accompagner le développement d’innovations porteuses de sens au regard de nos orientations stratégiques régionales.
- Favoriser l’innovation au service des enjeux de la stratégie régionale de santé
- Construire et développer les liens pour orienter et accompagner les acteurs de l’écosystème
- Evaluer les innovations et s’assurer de leur généralisation.