Evolution 1 : Les défis
Le chantier SSR du PRS 2 s’inscrit dans un contexte plus global, dans lequel nous avons collectivement à relever plusieurs défis :
- Défi démographique :
- Vieillissement et poids de la population âgée grandissante / Aggravation de la dépendance / impact de la génération papy-boom / situation financière dégradée.
- Démographie médicale et paramédicale préoccupantes pour certaines spécialités.
(cf. : https://www.atlasante.fr/accueil/recherche).
- Défi à relever pour que le patient devienne acteur de sa santé / Notion de patients experts / Développement de l’Empowerment / Rôle des Associations de patients.
- Défi épidémiologique : accroissement des pathologies chroniques / Incidence et prévalence des pathologies neurodégénératives / Poly-pathologie complexe / Espérance de vie post AVC et cancer plus longue mais avec handicap,
- Défi technologique et organisationnel :
- Nouvelles techniques chirurgicales, nouvelles modalités de prises en charge réhabilitation précoce (RAAC), et leur impact sur la prise en charge,
- Innovations thérapeutiques médicamenteuses, médecine personnalisée, biologie moléculaire,
- Recours aux NTIC (télémédecine, objets connectés, systèmes d’information…), qui nécessiteront plus de coordination, plus d’expertise à la maison.
- Intelligence artificielle et impact en termes de répartition des missions et des tâches entre professionnels.
- Élaboration de méthodes de protocoles de référentiels concertés et partagés.
- Emergence de nouveaux métiers, coopération professionnels, délégation de tâches.
- Enjeu de l’accessibilité aux soins, à la santé, à l’accompagnement, concilier proximité et expertise.
- Défi économique : soutenabilité financière de notre système de santé, précarisation de certaines populations, évolutions des modèles tarifaires, expérimentation de nouveaux modèles de financements.
S’ajoute à ces défis, une évolution sociétale : la précarisation, souhait d’évolution des modes de vies, aspiration à de nouvelles modalités de travail y compris pour les professionnels de santé (souhait de vivre différemment / familles monoparentales, souhait de proximité du domicile (si possible rester chez soi jusqu’au bout de sa vie), …).
L’enjeu de l’évolution des SSR et d’adaptation aux besoins
Depuis cinq ans, les SSR ont été bousculées dans leur fonctionnement en termes de besoins en SSR :
- Le vieillissement de la population et croissance des polypathologies et de la dépendance des patients,
- Profil de patients hospitalisés : Niveau de sévérité croissant - de comorbidité - de charge en soins
- D’un niveau de complexité des pathologies associées et de comorbidités des patients admis en SSR, (seulement 7 % M des patients admis en SSR sans comorbidités).
- Du niveau de dépendance psychique et physique accru de ces patients.
- Du niveau de soins requis pour ces mêmes patients.
- Patients nécessitant des soins palliatifs et Patients oncologiques.
- Une réduction des durées de moyennes de séjour dans les services d’aigu, et impact sur les SSR.
- Un changement des pratiques, chirurgicales mais aussi anesthésiques et anesthésiologiques ou relevant des RAAC qui diminue le recours au SSR en particulier pour le SSR Spécialisé locomoteur.
- Le développement du virage ambulatoire.
- La mise en place des démarches de PRADO et montée en charge des HAD.
- L’isolement et la dégradation économique de ces mêmes patients pour lesquels le retour à domicile ne peut être possible.
Le centre de « gravité » des prises en charge s’est déplacé du service d’aigu vers le service de SSR.
De plus ce nouveau PRS-SSR doit tenir compte :
- Des perspectives de la réforme de tarification, prévue en 2018 mais décalée en 2019.
- Du développement des alternatives à l’hospitalisation (recours à l’HAD supérieur, et à l’ambulatoire).
- Des évolutions sociétales et les défis à relever dans les 5 voire 10 ans à venir.
- L’évolution de la démographie des professionnels médecins, MPR, psychiatres, médecins généralistes, kinésithérapeutes, orthophonistes.
- Des réformes de coopérations qu’elles soient publiques (GHT) ou privées.
Les affections orthopédiques
Les affections orthopédiques recouvrent entre autre :
- La pathologie arthrosique (gonarthrose, coxarthrose…)
- La traumatologie
- Les affections rhumatismales inflammatoires
- …
En termes de prise en charge, chaque année, on dénombre en France près de 100 000 fractures de hanche (partie supérieure du fémur et col du fémur).
On compte environ 150 000 PTH par an et 50 000 à 80 000 de PTG (source – académie de chirurgie et ATIH).
Depuis l’amélioration des techniques opératoires et de la RAAC, la durée moyenne de séjour s’est considérablement raccourcie et les orientations en SSR diminuées.
Un programme de l’assurance maladie, visant à préparer au mieux la sortie à domicile (PRADO), en lien avec l’ARS, a permis de réduire les inadéquations en SSR pour les PTH et PTG de faible sévérité.
Néanmoins, les spécialistes, en particuliers les chirurgiens, appellent à la prudence sur les non-orientations vers le SSR pour les remplacements des prothèses totales de genou, chez les personnes plus âgées.
Equipement et activité (cf. carte)
Ce secteur se caractérise par une offre régionale inégalement répartie sur les territoires, en nombre d’autorisations et en modalités de prises en charge (HC-HTP). (cf. carto).La cible SROS 3 n’a pas été atteinte en taux d’équipement (2 implantations encore disponibles au SROS PRS (1 Adulte, 1 Enfant).
Ce champ de prise en charge connait une forte activité. En effet, les hospitalisations SSR des affections représentent le second recours soit 11 %. (Même volume que la neurologie) – Néanmoins la consommation (nombre de séjours par habitant) est variable selon les territoires (Cf.Carto).
Par ailleurs, les patients présentant des affections orthopédiques sont pris en charge majoritairement hors SSR spécialisés orthopédiques, la plupart du temps en SSR Polyvalent. Ce qui ne manque pas de poser des difficultés pour les équipes de SSR polyvalent.
Place des SSR dans le contexte de développement des Alternatives à l’hospitalisation complète (HTP)
Un taux d’HTP affections orthopédie très supérieur au taux national mais encore perfectible
Compte tenu de l’évolution des pratiques, le PRS1 volet SSR avait préconisé le développement de l’hospitalisation à temps partiel. Celui-ci est croissant mais ne représente que 12 % de l’activité globale de SSR, et concerne les disciplines suivantes : affections de l’appareil locomoteur, affections cardio-vasculaires, affections neurologiques…
Plus spécifiquement, certaines autorisations d’HTP en SSR orthopédiques n’ont pas toutes été mises en œuvre pendant la durée du PRS. Deux raisons ont été identifiées : d’une part, l’absence de consensus sur la typologie de prise en charge à proposer en HTP a probablement freiné la mise en place. D’autre part, les acteurs allèguent le manque de visibilité en matière de financement comme frein au développement.
Des évolutions importantes sont attendues dans le domaine de l’HTP :
- soit pour faire suite à une hospitalisation complète et dont l’objectif est de consolider l’état du patient et sa rééducation
- soit en termes de substitution à l’hospitalisation complète et selon certains critères cliniques et fonctionnels qui permettront l’éligibilité d’emblée du patient à une htp en SSR
- mais aussi pour l’HTP en SSR polyvalent dès lors qu’une organisation et une évaluation ad hoc est organisée
Diminution des journées inadéquates en SSR
L’ARS a souhaité développer une analyse de la pertinence des séjours au sein des SSR.
La Structure Régionale d’Appui et d’Expertise accompagne les établissements dans leur suivi des inadéquations.
Globalement, cette amélioration de la pertinence de recours au SSR est constatée, avec un taux d’inadéquation de 23 % pour le SSR polyvalent et 12 % pour les SSR spécialisés (2015), (toute spécialité confondue), ce qui constitue une amélioration notable par rapport à 2013 (30 % SSR polyvalents et 17 % pour les SSR spécialisés).En complément de l’action ARS / SRAE / Etablissements, la mise en place des dispositifs de coordination de l’aval (DCA), et l’utilisation de via trajectoire a contribué à une diminution des journées inadéquates. Les inadéquations pour le SSR orthopédique concernent les orientations des PTH et des PTG de niveau de sévérité faible en SSR alors qu’un retour à domicile aurait été possible. Les résultats sont très variables selon les établissements et les départements (cf. ppt joint en annexe).
Une démarche préventive et d’éducation thérapeutique à mettre en place
Les missions du SSR comprennent bien des actions de prévention et d’éducation thérapeutique, mais cette démarche doit être plus présente dans les services, sous la forme de protocoles d’éducation thérapeutique validés et mis en œuvre avec nécessité de faire le lien avec le domicile. L’éducation thérapeutique ne doit pas s’arrêter lors de la sortie de la structure SSR mais poursuivi à domicile.